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Brève de Mue #5

J’ai l’envie de vous partager des histoires qui nourrissent, l’envie de transmettre des connaissances et un certain vécu.

Par ces petites brèves intimes je choisi aussi d’ouvrir à certains points de vue, accompagner le grand champ de conscience qui s’augmente de façon formidable au fil de ce monde contemporain.

Je me servirai pour ce faire, de façon totalement anonyme par des histoires fictionnelles ou romancées, des merveilleuses transformations vécues au Cabinet de la Mue.








Bienvenue

 

Ma cinquième brève est beaucoup plus longue et psychanalytique.


Elle est celle du thème de l’enfant sacrifié. Terme utilisé notamment dans une technique de décodage de la psyché que je pratique avec grand intérêt (référentiel de naissance) et dont l’aspect spécifique du thème ici esquissé dévoile le mythe d’Œdipe à l’œuvre chez l’individu. 


Bref,


Pour l’heure, un jeune homme, 16 ans, se voit pris malgré lui à rejeter son père de toutes ses forces. Il l’aimait pourtant, l’aime encore mais c’est plus fort que lui, il doit refouler ce géniteur. Notre jeune homme est donc un peu perdu, ne comprends pas pourquoi c’est si impérieux, s’en veut un peu car il sent bien qu’il fait éclater plus que lui.  C’est l’adolescence évidemment, mais quelque chose est vraiment très exacerbé.


Nous dressons ce que j’appelle un petit génogramme minute afin d’y voir plus clair.  Je lui demande de me parler de ce qu’il connait de celui-ci. Je cherche avec lui les problématiques ou chocs familiaux du côté des hommes, des pères, des enfants révoltés…pour l’aider un peu.  Viennent immédiatement plusieurs choses.


  • Un arrière-grand-père est mort à la guerre laissant son fils, en couches, orphelin - le grand père du jeune homme donc.

  • Je note dans son exposé qu’un frère "hérite" d'une charge bien lourde à la mort de son aîné décédé en armes.  Il a également entendu dire que "l'héritier" (gd oncle pour lui) aurait fort mal géré la tâche.  

  • Une plainte sourde et non verbalisée exprime le fait que les descendants du grand père disparu subissent la perte du pilier familial qu'était potentiellement celui-ci, mais aussi le patrimoine qui mal géré se serait envolé.


Il y a là grande injustice et il est question de me sortir de là s'il vous plait m'exprime-t-il !


Je lui montre qu'il est lui aussi puiné (terme pour second enfant) puisque son père a eu un premier fils avant lui, avec une autre femme que sa mère, m'a-t-il exposé. Il précise que son demi-frère ne porte pas le même nom de famille.


Je comprends que la question du 1 et du 2 sera une ressource dans mon travail de recherche.

Ayant à ce stade ma petite idée, je choisis de démarrer - pour mon placement* (*aspects que je vais proposer de mettre en scène) - sur cette question d’enfant hors mariage et d’envisager la charge que celui-ci embarque sous l’angle de l’enfant sacrifié.  


Sans développer ici de protocole, nous comprenons l’un et l’autre par le ressenti qu’en tuant symboliquement le premier enfant (en le sortant de l’arbre généalogique - tout cela est inconscient) le père essaye peut-être de conjurer le sort pour qu’un suivant puisse advenir.

  • Ou peut-être contrebalancer une chose qu’il jugerait trop injuste quelque part dans les méandres de sa psyché.

  • Tuer le 1 pour que le 2 existe et répéter sans s’en rendre compte ce qui fut vécu 3 générations au- dessus de lui.

  • Ou bien rembourser le 2 d’avoir eu à porter la honte de ne pas arriver à porter la charge de son frère.

  • Ou Libérer 1 du système et espérer que 2 travaille bien cette fois, l’aider peut-être…


Nous accueillons, goûtons, ressentons, laissons faire ce qui se présente à nous à ce moment précis et comprenons d’emblée que quoi qu’il en soit il y a et aura des répercussions à de telles prises de décisions.


Et le jeune homme de s'exprimer :

  • « alors comment pourrai-je ou devrai-je racheter le sacrifice fait par mon père sur mon frère ainé ? ».

La chose est palpable dans le champ.

Puis ailleurs :

  • « mon père lui-même - ressentons-nous dans la pièce - comment fait-il pour assumer son geste ? »

Puis encore :

  • « où se situe ma part personnelle, suis-je responsable de quelque chose ? ».


… « En tout cas je porte le nom de papa et pas lui » déclare-t-il « et cet état de fait me met dans une situation fausse.  Il FAUT que je sorte rapidement de ce panier de crabe » rajoute-t-il !

Sous cet angle nous pouvons clairement le comprendre. 


Le principe que nous visitons et traversons dans l’instant est vieux comme le monde. (il était coutume dans certains groupes et époques humaines de sacrifier un enfant afin de provoquer le destin (Cananéens). (Plus tard les juifs rachètent leur premier né à Dieu, les musulmans immolent des animaux pour éviter ce sacrifice).)


Je fais cette petite parenthèse dans le cabinet mais cela ne soulage évidemment aucunement mon adolescent « père dû *».

Petite incise""" ici avec la langue des oiseaux* que j'affectionne tant.

"""Hé oui, il est révolté de ne pas avoir son dû (son énergie masculine qui serait honorée comme admissible telle quelle = son égal masculin inné = son pair(e)) - et il est perdu.  Né « du père » (il est dupe et erre), indiquant qu’il erre au cœur du mensonge (duperie).  Il ne voit pas comment être… autrement qu’en questionnant cette origine particulière apparemment dévastatrice.   Et aura jusqu’à tenter de la quitter (cette origine), la casser jusqu’à choisir de briser ce « père » – via la sanction du monde extérieur et tous ses archétypes, ainsi qu’avec le jugement solennel des mondes intérieurs."""

Œdipe est bien à l’œuvre.


Nous verrons plus tard dans le mythe que la mère sera une porte de sortie mais que cette solution a un prix non moins douloureux.



Nous réfléchissons ensemble et imaginons que peut être les événements (sacrifice(s), rapport au père, GP décédé, frère non reconnu) sont partiellement corrélés. Je place ces aspects dans le cabinet de consultation et imagine un protocole afin de suggérer un peu de clarté nouvelle dans ce que l’on appelle le champ morphique en présence.


Continuant sur notre lancée et cette question du père, nous relevons qu’ailleurs dans l’arbre, un autre grand père est mort de façon inacceptable, laissant, chez la mère de l’adolescent cette fois, un sentiment d’injustice profond et une charge disproportionnée.  La disparition de plusieurs hommes se fait entendre dans cette partie de l’arbre et semble faire Référence – induisant pour le genre masculin imperfections, manquements, inaptitudes, dangerosités, mensonges, abus…


Intellectuellement nous constatons que l’absence réelle ou présumée d’hommes sécurisants est emblématique et problématique dans les systèmes respectifs du garçon.  Le cas de figure est assez courant peut-être mais il gage d’être extrêmement difficile à vivre pour la personne qui le subit. 

Nous prenons la mesure du profond désarroi - palpable dans la pièce.


Soudain, dans l’air ambiant quelque chose se montre et une voix au loin se lève : « peut-être un sacrifice apaiserait il et répondrait au rééquilibrage transgénérationnel attendu ?! ».  Les systèmes cherchent la réorganisation et le rééquilibrage, toujours. On appelle cela la Loi de l’équilibre.


Mon jeune homme me regarde : « Bien, super, mais, encore une fois…qu’est-ce que cela me coutera à moi ? ».

ICI MAINTENANT ME VOICI DEVANT VOUS – lui fais je répéter tout haut…

Puis de poursuivre le protocole qui depuis 1h00 continue de se dessiner sur la trame des fondements que je marie au cœur de cette matière vivante, en transmutation juste là devant moi.


Un autre aspect vient se mettre en lumière, un autre enfant est mort et se trouve en place similaire à celle du garçon qui est là.   


Nous accueillons et observons la nouvelle répétition qui se fait entendre dans la trame de notre psychodrame, tout en jetant un œil vers Œdipe que j’ai pris soin de placer comme témoin.


Soudain encore, mon petit jeune homme s’esclaffe tout haut :

  • « Parfois des voix me chuchotent « papa va me tuer ! papa va me tuer… » ».  Dois-je me laisser faire ?

  • « MAIS Si je tue papa et que le danger disparaît ne serait-ce pas dramatique pour la famille puisqu’il disparait ? Et ensuite il faudra bien que quelqu’un le remplace, non ?! ».


Sur les cartes que nous avons disposé au sol, nous vivons les tumultes de cet adolescent en pleine effervescence de croissance tenter de choisir s’il prendra oui ou non les devants… « Si je tue papa (ce qu’à propos doit normalement faire symboliquement tout fils pour devenir son propre père), j’empêche celui-ci et Laïos de me faire exécuter (de me pendre à l’arbre comme Œdipe) et j’évacue psychiquement cet indigérable problème latent.


Nous laissons ce mouvement se tenter dans le champ et ressentons qu’une angoisse terrible montre un apaisement salutaire. …Mais il est instantanément suivi de nouvelles angoisses potentielles liée aux projections sur les conséquences…


  • « Peut-être qu’en tuant le père je quitterai cette filiation ? me demande t-il.  


L’histoire grecque, mais surtout le champ qui nous entoure est occupé à nous signaler que ce ne sera pas si simple.  Il nous confirme ce qui depuis le début de notre séance vient se mettre en lumière dans notre placement (action de choisir et nommer les aspects présents dans le champ) : le second enfant deviendrait immédiatement lui aussi un enfant sacrifié - ce qu’un parricide n’arrangerait pas.


  • « Peut-être qu’en allant jusqu’à le briser publiquement* je conjurerai alors le sort concernant cette histoire de second fils qui doit mourir ? » ». (*car publiquement signifie que l’on espère avoir le droit de changer de paradigme systémique en se mettant sous couvert de la Cité).


Et voilà Abel et Cain (qui parlent d’offrande aux Dieux : l’aîné offrant le cadet aux dieux). 

Et voilà Romulus et Rémus (les deux enfants sacrifiés, qui sauvés par une Louve vivent le fratricide )

Et voilà La louve, archétype maternel puissant, qui comme Jocaste "transporte le vivant" … au prix qu’en auront décidé les dieux…).

Nous voici transportés oui à la Fondation de Rome* (*Aime le Héro / Héro en moi / or à l’intérieur de moi / être extérieur à moi-même et à l’amour…) où Il y est question d’héroïsme, d’exclusions, de meurtres, de sacrifiés – cet ancestral refrain qui se montre à nous aujourd’hui dans le cabinet et la vie de cet adolescent, comme d’une implacable contemporanéité.


Dans l’histoire de notre jeune homme l’héroïsme se (re)trouve chez l’homme mort à la guerre, chez le frère sacrifié, chez celui qui donne sa vie pour sa famille, chez celui sacrifié symboliquement, chez le 1, chez le 2, qui offrent leur place à l’autre. Chez celui qui accepte de "prendre la sienne au détriment de l’autre", chez le jeune homme lui-même alors qu’il porte haut la blessure familiale à UN âge critique et fondateur où il doit faire des choix...et inscrire l’homme en lui.   


Tout cela est fort complexe, est inscrit dans le passé (donc dans le futur 😊), et prend désespérément beaucoup de place dans mon cabinet !  

Alors revenons au présent jeune homme. 


Que donc pourrait cet adolescent faire de mieux que de tuer ou de se laisser tuer ? 

La fuite ouvre une voie, H.Laborit nous l’a bien expliqué. 

La mère aussi est une option à la fois facile et sécurisante.

La louve de Rome nous rappelant à son bon souvenir, Jocaste apparait et accueille son fils Œdipe…héroïque. 

Mère instinctive, non consciente, mais consentante… emmène notre jeune homme vers la suite de l’histoire…que l’on connait par le mythe…  Histoire d’Yeux, de colère, d’errance…


Une nouvelle constellation demande à se vivre… (Nous l’organiserons une autre fois lui dis-je)

LE PRESENT svp. Revenir au présent ! 


Je réalise un placement de clôture dans le cabinet avec l’un et l’autre protagonistes de cette saga et choisi un protocole tout doux pour accompagner deux hommes attachés par l’histoire, la lignée, la blessure du clan certes et celle de mythes aussi fondateurs que terrifiants, à se regarder.  


Nous avons travaillé aujourd’hui le père.  La mère s’est invitée. Elle était déjà là en réalité.

Il est évident que tout un pan devra s’ouvrir seul à seul avec elle, et le père en sous-couche.  Une chose à la fois pourtant, c’est essentiel dans ce travail.

La lumière fait son œuvre.  Nous recevons les bienfaits de ressentis énergétiques qui comme par magie s’invitent, dans un instant frugal et magnifique, ample et ténu, doux et puissant.  Nous recevons l’un et l’autre le cadeau d’une extraordinaire guérison au-delà nos volontés respectives, sachant que nous sommes reliés par cette universalité. 


Je me sens toujours relié aux personnes qui viennent dans le cabinet de la mue, c’est dans cet échange que j’honore ma relation d’aide et que mon métier me nourrit.


Les questions que nous pourrions nous poser en cette brève seraient par exemple :


« Chez nous, devons-nous nécessairement avoir peur du papa ? D’où vient cette peur ? Est-ce fondé dans l’ici-maintenant de ce plan de l’existence ? ».

« Dois-je quitter le clan pour grandir ou puis-je le faire de l’intérieur en restant ? ».

« Ai-je à faire des choix noir ou blanc ? ».

« Jusqu’où dois-je aller dans la mise en acte si je veux rendre autonome la relation que j’ai à mon père ? ».

« Comment se vit pour moi la question de l’héroïsme ? »

« Comment me construire en tant qu’homme si je me réfugie chez ma mère lorsque j’ai un souci avec papa ou le monde extérieur ? ».

« Devrai-je me rapprocher de ma mère lorsque je remettrai la voie du père en question ? ».

« Y a-t-il danger à m’associer à un binôme ?  Devrai-je affronter l’autre comme le firent les deux frères du mythe ? ».

« Doit-on mourir pour naître ? ».

« Mourir à l’autre ou à mon autre moi.  Est-ce à dire qu’il faut mourir à soi-même pour devenir qui l’on est ? ».




N'est-ce pas passionnant ?

Je vous donne rendez-vous au Cabinet de la Mue pour découvrir ensemble vos histoires cachées ainsi que les lieux de leurs transformations vertueuses.

 

Rodolphe

Ohain, le 27/03/24

 

Brèves de Mue

De ces partages de connaissances relatant les mouvements d’âme accueillis au Cabinet de la Mue.



 

F a c i l i t a t e u r  d e  R e s s o u r c e m e n t   I n t é r i e u r

Accompagnement individuel au Cabinet de la Mue à Ohain

Interventions en vos Lieux de vie

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